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Sybille de Bollardière

Quand j'arrive à Paris...

3 Octobre 2011, 10:37am

Publié par Sybille de Bollardiere

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Quand j’arrive à Paris certains matins, j’ai déjà entendu la nuit craquer dans les bois et découvert sur les vallées d’ici, les soleils rouges de l’aube et leurs lacs de brume. Plus loin sur la plaine vide et morne où m’entrainent les rails, je repense à ceux que je laisse après les avoir dérangé : animaux sauvages qui regagnaient les lisières quand ils m’ont croisée. Quand j’arrive à Paris le plus souvent je n’ai aucune idée du monde qui m’attend, je voyage, métro ou train, sur d’autres lignes, au fil des pages que je lis où que j’imagine écrire.

Récemment j’ai lu, je crois dans le dernier numéro du Magazine Littéraire, ce mot de Michon « La littérature est une forme déchue de la prière, la prière d’un monde sans Dieu » Eh bien moi, le mien de dieu, s’il ne sait plus très bien son nom que je ne prononce pas, il se réjouit de chaque mot, de chaque ligne mais aussi de chaque labour et jusqu’à la plus minuscule trace humaine, ne serait elle qu’une griffe à la surface de la terre. 

Il nous en faut bien un dieu généreux à nous autres, griffeurs de pages et de jours dans le plus parfait silence et face à la plus glorieuse indifférence… Un dieu joyeux et tout de même un peu condescendant quand il répond à nos vaines interrogations « Ne te pose pas la question de savoir si cette histoire mérite d’être écrite ou lue, cela reviendrait à te questionner sur ton droit d’exister… ECRIS-LA » Il a raison et  je me dis toujours la même chose en arrivant à Paris, « Dieu-le-pas-nommé » a toujours raison. On écrit parce que la plupart du temps on ne sait faire que ça, que la politique est devenue insupportable, la guerre et le sexe terriblement ennuyeux depuis qu’il n’y a plus de vraie conquête. Le dernier combat reste la littérature même si les plus grands aimeraient mieux d’autres gloires que celles que leur offrent leurs lecteurs… 

En disant cela je pense aux lectrices bien sûr et pas n’importe lesquelles, du beau monde de la ligne Paris-Nogent le Rotrou, où des dames bien coiffées parlent dans le train du week-end à venir de leur ISF et de leurs chères lectures, des lectrices enragées de Sollers dont l’une déclarait avec un air désenchanté à propos du dernier opus « Le Sollers se termine petit-à-petit, le soir».

Voila, c’est ça un grand écrivain, ça se boit comme une tisane avant d’aller dormir.