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Sybille de Bollardière

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Vous avez un message

2 Janvier 2021, 09:56am

Publié par Sybille de Bollardière

#ARIF (Alternative Reality Illustrated Fiction) précédent épisode : des livres pour Jonas

1 janvier 2021 - Quelque part au bord de la mer. J'ai commencé l’année par un rêve étrange. Je marche dans les rues de mon village la nuit et je suis Jonas le robot. La rue déserte et glaciale, ne ressemble pas tout à fait à celle que je connais, Je sens le souffle de ma respiration givrer sur le rebord de mon casque et mes bras se balancent le long de mon corps au rythme de mes pas. Je remarque les fenêtres de la maison éclairées comme pour un soir de fête mais pas une voiture ne stationne dans l’étroite ruelle qui s’enfonce dans la nuit. Lentement le rêve s’efface tandis que l’écran de mon smartphone s’éclaire. « Mise à jour » m’annonce le petit robot du système Androïd en tournant sur lui-même. Les notifications du jour s’affichent : Retour de la neige, Tousanticovid est activé, vous avez un message…

La machine à café s’emballe, l’odeur de pain brûlé me réveille… j'actionne l'interrupteur des volets roulants. La mer a la couleur du ciel, pas de vent et quelques oiseaux de mer dont je n'entends pas le cri derrière les vitres isolantes. Retour sur terre en 2021. Parmi les nombreux mails et cartes de vœux électroniques je découvre celui de Jonas.

Jonas W.S. <jonas.ws51@gmail.com
Bonjour et bonne année,
Pas très animé le village un soir de nouvel an ! Je m'y suis promené cette nuit et pas âme qui vive ! Sinon, j’ai trouvé le site de l’atelier en ligne et je me suis inscrit. Voici mon adresse mail et à bientôt car avec le retour de la neige je pense que tu ne vas pas tarder. C’est bien, le bois que tu as acheté ne chauffe pas suffisamment, il faudra recommander du chêne mais on verra ça à ton retour.
A + Jonas 
A suivre : Le chat de Sakhaline

 

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Des livres pour Jonas

29 Décembre 2020, 16:45pm

Publié par Sybille de Bollardière

#ARIF (Alternative Reality Illustrated Fiction)

Episode précédent : "Tombé du ciel"

J’ai laissé passer Noël et quelques journées de pluie avant d’envisager de retourner au fond du jardin. Un après-midi, la neige est arrivée. Collante et mouillée, elle a détrempé la campagne et les routes où j’avançais en soulevant des gerbes d’eau, soudain la nuit est tombée et dans la lueur des phares, j’ai cru voir Jonas. Oui c’était bien lui, debout sur le bord de la route, luisant de neige fondue avec le faisceau lumineux de son orbite gauche balayant les bas-côtés. Il avançait en me faisant des signes de la main. J’ai freiné, dérapé quelques mètres avant d’immobiliser ma Clio. Lorsque j’ai ouvert ma portière, il n’y avait plus personne. J’avais beau scruter la campagne environnante, un plateau désert balayé par le vent et les bourrasques de neige avec au loin des bois émiettés dans l’immensité boueuse. Nulle trace de Jonas.

J’ai repris ma route et très vite une petite voix intérieure est venue me seriner avec insistance : « Tu es partie trop vite l’autre soir et depuis je n’ai pas osé te déranger … J’aimerais bien que tu passes… Demain si possible, quand il fera jour c’est préférable, j’ai quelque-chose à te montrer… Ah aussi, j’oubliais, je veux bien quelques livres… »

Des livres ? Où étais-je allée chercher cette idée ? Qu’est ce qu’un robot ferait avec des livres ? Un naufragé de l’espace avait sûrement mieux à faire… Comme se connecter par exemple, pour demander de l’aide ou… Qu’est-ce que j’en sais moi ? …

Pourtant, dès le lendemain matin, j’étais là dans l’allée avec sur la ligne de crète des collines, les premiers rayons d’un timide soleil d’hiver mais, sans les livres. Jonas m’attendait devant la caravane visiblement remise à neuf. Il s’avança vers moi d’un pas sûr.

- Tu n’as pas eu mon message où je te demandais quelques livres ?

- Quel message Jonas ? Au fait, je constate que tu as réparé ton pied mais également ta main…

- Mais réponds-moi ! Hier, tu as dû recevoir un message à la tombée de la nuit …

- Pas vraiment un message Jonas, j’appellerai plutôt ça une hallucination !

- Alors il faut t’y habituer, tu en auras d’autres, ça fait partie de ma façon de communiquer.

- Est-ce que je dois admettre la présence d’un robot télépathe dans mon jardin ou dois-je consulter très rapidement ?

- S’il te plait va me choisir quelques livres et rapporte-les-moi, je te prépare un thé dans ta caravane réparée.

- Tu ne préfèrerais pas que je te prête ma tablette avec mes codes ?

Une fois encore j’ai cru le voir sourire, une sorte de distorsion à l’ouverture de son micro. Jonas était de trois quart, son œil s’alluma et le faisceau se dirigea vers moi.

- Je n’ai pas besoin de tes codes, il y a longtemps que je les ai craqués… Non pour une fois, j’aimerais lire tes livres de papier…

Disciplinée mais prévoyante, je suis revenue avec  4321 de Paul Auster et L’art de la joie de la joie de Goliarda Sapienza, choisis l’un et l’autre, essentiellement pour leur taille et leur nombre de pages. Du solide et du dense pour un robot maladroit et visiblement rapide. J’ai même hésité à lui apporter le Dictionnaire Historique de la langue française d’Alain Rey mais le poids de l’ensemble m’a tout de même paru excessif…

Dans la caravane, devant la douce chaleur du poêle, Jonas ravi, jeta un œil rapide sur les quatrièmes de couverture tout en déposant des sachets de Roïbos dans nos mugs.

- Tu préfères ça au thé je crois ?

- Jonas, puisque tu sembles tout connaitre de ma personne, je te propose de me parler un peu de toi, qu’en dis-tu ? On commencerait par la fin par exemple : Pourquoi tu es là, la raison de ton irruption dans ma caravane ? Comment un homme ou plutôt un robot, aussi habile que toi a-t-il pu se vautrer dans mon décor ?

- Assieds-toi, bois ton thé tranquillement et je vais t’expliquer ma présence ici … Bien sûr j’ai eu quelques ennuis qui ont précipité mon arrivée mais j’avais une raison bien précise pour te rencontrer.

- Ah oui ? Laquelle ? Avons-nous des connaissances communes ?

- Pas exactement ! En fait, je voulais m’inscrire à ton atelier en ligne.

A suivre... Vous avez un message

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Tombé du ciel

23 Décembre 2020, 18:23pm

Publié par Sybille de Bollardière

#ARIF (Alternative Reality Illustrated Fiction)

Episode précédent : L'oeil bleu et la conjonction Saturne-Jupiter

Le fait que mon étrange visiteur parle français et sans accent m’a plus étonné que sa présence. Le son de sa voix m’a semblé familier. Il est tombé du ciel, a détruit le toit de ma roulotte mais il a pourtant quelque chose de rassurant. J’ai levé la torche vers lui et je l’ai vu, assis sur le plancher, les mains posées sur les genoux. Le faisceau lumineux de son orbite gauche s’est dirigé vers moi pendant que son unique œil bleu me fixait.

- Bonsoir… je m’appelle Jonas…

- Vous êtes blessé ?

- Je n’emploierais pas ce mot… je vais devoir consacrer un peu de temps à quelques réparations avant de pouvoir fonctionner correctement…  Je te rassure, mes circuits vont bien…

- De la mécanique en quelque sorte ?

- Oui enfin, c’est un peu plus compliqué… Il y a quelques capteurs qui ont été endommagé au niveau des doigts notamment, mais j’ai l’habitude…

- De tomber du ciel ?

Il a ri ou plutôt j’ai vu son œil bleu cligner lentement avant de me fixer à nouveau. A sept heures du soir je me suis retrouvée à discuter avec un robot vintage, plus pressée de faire connaissance et de comprendre la situation que de regagner le monde réel.

- Jonas, je vais poser mon panier de bois chez moi et je reviens… Avez-vous besoin de quelque chose ? Des outils par exemple…

- je veux bien moi aussi, un peu de bois pour le feu… je suis un robot frileux et les nuits sont plutôt fraîches ici.

Après avoir déposé quelques bûches près du poêle de la caravane, j’ai regagné la maison. Pendant que je préparais le dîner, une petite voix me disait : « gardons ça secret pour l’instant, inutile d’en parler. » Est-ce bien réel ? Dès que je m’éloigne il me semble être reprise par une autre réalité et l’histoire m’échappe. C’est probablement l’effet du stress et du confinement encore que je n’aie pas vraiment à me plaindre de ce dernier la pandémie n’ayant pas changé grand-chose à mon isolement. Disons que maintenant, j’ai une bonne excuse pour rester cloitrée.

Un peu avant minuit, j’ai repris le chemin du jardin. Une nuit noire enveloppait la vallée et s’il n’y avait eu la petite colonne de fumée s’échappant de la roulotte, j’aurai pu croire que tout était comme avant…

Mais avant quoi au juste ?

Avant la conjonction Saturne -Jupiter censée bouleverser nos vies ? Avant la Covid 19, la crise mondiale et les mois de confinement ou encore avant ? Oui avant… Il y a deux ans quand l’homme qui partageait ma vie était encore vivant… Nous avions installé la caravane sous les arbres pour profiter des soirs d’été et des nuits fraîches tout en rêvant sous les pluies d’étoiles... C’est seule désormais que je regarde le firmament car curieusement, si nous confions nos morts à la terre c’est vers le ciel que nous nous tournons pour tenter de les imaginer.

Jonas m’attendait assis sur une chaise devant la caravane, il avait déjà réparé une partie de la façade et finissait de redresser les plaques de zinc du toît.

- C’est sommaire mais il ne pleuvra plus à l’intérieur… Si je dois rester quelques temps c’est mieux… Pourrais-tu me tutoyer ? Je préfère …

- Aucune objection ! Mon nom est…

- Je le connais ! Je sais qui tu es et je ne suis pas ici par hasard même si ma descente a été plus brutale que prévue…

- Tu peux m’en dire un peu plus Jonas ?

-  Demain c’est Noël, tu vas être occupée et moi j’ai des réparations à faire… Maintenant que les présentations sont faites nous avons le temps…

 

A suivre...  des livres pour Jonas

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L'oeil bleu et la conjonction Saturne-Jupiter

20 Décembre 2020, 16:55pm

Publié par Sybille de Bollardière

L'oeil bleu et la conjonction Saturne-JupiterL'oeil bleu et la conjonction Saturne-Jupiter

#ARIF (Alternative Reality Illustrated Fiction) Episode précédent : La chose

Cette chose étrange, je n’ai voulu ni la voir ni l’entendre. En reculant j’ai quitté les lieux, sans un regard pour la caravane dévastée, les livres et les meubles éparpillés ainsi que les nombreuses feuilles volant dans le jardin.

A pas lents, j’ai regagné la maison, vérifiant que je n’étais pas suivie, sursautant à chaque cri d’oiseau. Je me suis enfermée à double tour pour visualiser à nouveau l’écran de mon smartphone. Il y avait bien deux étranges lueurs dans l’ombre de la caravane, ou plus exactement une lueur bleue et un faisceau lumineux. Cette lumière ne venait pas du toit défoncé mais de l’ombre elle-même, de la chose... Elle avait bougé. Par inadvertance j’avais enclenché le mode de prise de vue en rafales et c’était perceptible, la lumière bleue et le rayon s’étaient déviés dans ma direction. Je les avais saisis dans leur mobilité et je revivais la scène en faisant défiler les clichés un à un. Il fallait prévenir quelqu’un, trouver de l’aide. Mais qui appeler ? Et pour dire quoi ? Ça ne ressemblait à rien de connu, ça pouvait aussi bien être une illusion d’optique, peut-être une superposition des clichés ou encore un court-circuit provoqué par la foudre ? Un effet d’éclairage…

J’ai commencé à me persuader que je n’avais rien vu. J’ai effacé la série de photos et le calme est revenu en moi comme s’il ne s’était rien passé. Ce que je ne voyais pas n’avait simplement pas eu lieu. Tout pouvait être comme avant, il suffisait d’ignorer l’événement, de l’effacer de ma mémoire. Question d’entraînement. Une banale journée de décembre, un peu grise et brumeuse mais tout à fait classique pour cette saison dans le Perche. Une journée de confinement ordinaire avec les occupations habituelles : petits travaux de bricolage suivis de quelques courses en fin de journée avant d’allumer le feu.

J’imaginais en haut du jardin, la caravane endormie le long de l’allée, son toît couvert d’aiguilles de pin et ses volets claquant au vent de décembre. Quand la nuit est tombée, je suis montée chercher du petit bois et quelques bûches et j’ai souri en apercevant découpée sur le ciel du soir, la cheminée de ma roulotte. Oui, tout paraissait comme avant, calme, sombre et désert. Me penchant pour remplir mon panier, j’ai remarqué une feuille de papier volant dans ma direction, puis une autre. J’ai allumé ma torche, il s’agissait de pages détachées d’un des livres de la caravane. En éclairant le sol à mes pieds, j’ai commencé à déceler ce que j’avais vu le matin même, les débris de branches avaient été soigneusement rangés le long de l’allée ainsi que les restes de la table et du tabouret. Plus aucun livre ne trainait dehors et les volets arrachés avaient eux-mêmes disparu. Laissant mon panier de bois devant le bûcher, je me suis avancée dans l’ombre jusqu’à la roulotte. Je pouvais distinguer derrière les vitres brisées, les rideaux tirés mais la brèche était toujours là, profonde et sombre comme un gouffre où soufflait le vent de la nuit, déserte et silencieuse. A ce moment-là, la lueur bleue s’est allumée. Un œil bleu dans le noir, immobile et paisible.

J’avais cessé d’avoir peur et je pensais à la conjonction de Jupiter et Saturne, à leur entrée imminente dans le Verseau le jour même du solstice d’hiver. L’œil bleu a cligné lentement, j’ai vu une paupière de métal irisé descendre et remonter plusieurs fois de suite avec la régularité d’un phare dans la nuit et j’ai entendu la voix :

- Ne t’inquiète pas, je vais tout remettre en ordre !

A suivre : Tombé du ciel

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